Numéro
J. Phys. Radium
Volume 7, Numéro 12, décembre 1936
Page(s) 481 - 496
DOI https://doi.org/10.1051/jphysrad:01936007012048100
J. Phys. Radium 7, 481-496 (1936)
DOI: 10.1051/jphysrad:01936007012048100

Mesures spectrales de la proportion de lumière polarisée dans la couronne solaire (éclipse totale du 31 aout 1932)

Jean Dufay et Henri Grouiller

Observatoire de Lyon


Résumé
Après avoir rappelé les résultats très discordants des mesures visuelles et photographiques de la proportion de lumière polarisée dans la couronne solaire, faites jusqu'ici en lumière totale, les auteurs décrivent la méthode spectrale dont ils se sont servi pendant l'éclipse du 31 août 1932, à Louiseville (Canada). Elle repose sur l'étude photométrique des spectres cannelés obtenus en plaçant, près de la fente du spectrographe, une lame de quartz parallèle et, devant l'objectif de chambre, un prisme biréfringent. Les clichés ont été enregistrés au microphotomètre de J. F Thovert. On a tenu compte de la légère diminution du contraste des cannelures résultant de la largeur finie de la fente du spectrographe et de la fente d'analyse du microphotomètre. Dans toute la région spectrale étudiée, qui s'étend de 3 900 à 5 700 Å, la proportion de lumière polarisée est pratiquement indépendante de la longueur d'onde. Voisine de 0,14 à 2' du bord solaire, elle augmente d'abord rapidement, pour atteindre 0,26 à 8' ou 10' du bord, puis elle décroît plus lentement et, à 25' du bord, est redevenue à peu près la même qu'à 2'. La lumière diffusée par l'atmosphère, qui s'ajoute à celle de la couronne, est loin d'être négligeable dans les régions les plus éloignées du soleil et y rend les mesures plus incertaines. On a cherché à corriger les observations à l'aide des mesures photométriques de MM. de la Baume-Pluvinel et Barbier faites pendant la même éclipse, en supposant négligeable la polarisation de la lumière diffusée par l'atmosphère au voisinage de la lune. Le maximum de la proportion de lumière polarisée passe ainsi de 0,26 à 0,31 (à 15' du bord) et sa diminution pour les grandes distances au bord est atténuée. Le fait que la proportion de lumière polarisée est indépendante de la longueur d'onde joint au fait que la courbe d'énergie du spectre continu de la couronne paraît identique à celle du Soleil, tend à prouver que toute la lumière du spectre continu provient d'une diffusion neutre de la lumière solaire (électrons libres). Toutefois, la proportion de lumière polarisée est bien plus faible que celle prévue par la théorie électronique de Minnaërt. Les mesures visuelles de J. J. Johnson faites pendant l'éclipse de 1934 confirment cette conclusion (P = 0,28 à 8',5 du bord). La proportion de lumière polarisée trouvée au voisinage du bord solaire coïncide avec celle que Lyot a mesurée dans le spectre continu des protubérances.

PACS
9660 - Solar physics.
0760D - Photometers, radiometers, and colorimeters.

Key words
solar corona -- solar eclipses